Monuments des Maselles
Ces imposants monuments des Mazelles ont, de tout temps intrigué populations et spécialistes, antiquaires, archéologues, historiens... Chacun a proposé son explication (plus ou moins fondée) sur la destination de ces énigmatiques bâtiments. Ceux-ci ont aussi, on s'en doute, inspiré nombre de légendes.
Pour le visiteur d'aujourd'hui, les Mazelles sont les vestiges les plus immédiatement visibles de l'antique Tasciaca. Cependant, les plus importants d'entre-eux en superficie, se trouvent sous terre, ou ne dépassent le sol que de quelques décimètres. Certains ont été exhumés, comme le fanum que l'on peut voir à Pouillé, ou, après avoir été étudiés, enterrés à nouveau pour en assurer leur conservation.
Cet ensemble de bâtiments est situé à 800 mètres du bourg de Thésée, en bordure de la route départementale D176 et à une centaine de mètres de la rive droite de la rivière Cher.
A l'époque gallo-romaine, les Mazelles se trouvaient auprès de la voie romaine de Tours à Bourges (et au-delà, de Nantes à Lyon), laquelle voie romaine est vraisemblablement aujourd'hui sous la route D176 ou sous l'emprise du Chemin de fer Tours-Vierzon.
C'est la proximité de ces voies, fluviale et terrestre, aux Mazelles, qui pourrait expliquer leur destination.
L'ensemble des Mazelles est constitué de trois bâtiments inscrits à l'intérieur d'une enceinte quadrangulaire d'environ 7000 m2. Le bâtiment principal, au nord, dans un état de conservation exceptionnel, présente des dimensions étonnantes : son élévation est encore de 7,40 mètres et sa longueur totale de 52 mètres. Il comprend deux salles, dont l'une de 40 x 14,50 mètres, et il est flanqué de deux pavillons latéraux reliés probablement par une galerie ouverte en appentis.
Au sud, se trouvent deux autres bâtiments. L'un au sud-ouest, de 12 x 10 mètres, est arasé au-dessus de trois assises de moellons. L'autre au sud-est, montre plusieurs pièces, de dimension totale de 35 x 18 mètres, dans un état bien dégradé et de construction moins soignée que celle du bâtiment principal.
C'est le grand bâtiment nord qui est le plus intéressant. S'il n'a apparemment pas son semblable en Gaule romaine, par contre sa technique de construction en petit appareil et arases de briques est très fréquente. Nous en avons ici un bel exemple qui peut facilement être étudié.
Les murs de ce bâtiment sont constitués de deux parements, intérieur et extérieur, faits de petits moellons rectangulaires ou plats disposés en arêtes de poisson, liés par un mortier. Entre ces parements a été bourré un mélange de mortier et de pierres. Pour donner plus de cohésion au mur dans le sens de l'épaisseur, ont été posées deux rangées de grandes briques disposées par deux pour couvrir l'épaisseur du mur. Celles-ci constituent donc une sorte de chaînage.
Les trous que l'on observe dans le mur sont les trous de boulins de l'échafaudage en bois utilisé pour la construction du bâtiment.
Deux millénaires plus tard, ces murs sont toujours debout. C'est leur constitution qui est à l'origine de leur pérennité : les moellons sont d'un tuffeau de même nature que la pierre de Bourré, mais d'une porosité beaucoup plus faible, d'une densité et d'une dureté plus élevées. De plus, ils sont de petite dimension et pris dans un mortier très dur, ils n'ont donc pu être réutilisés comme l'auraient été de belle pierres de taille : les Mazelles n'ont pas servi de carrières.
Les Mazelles ont été classées "Monuments Historiques" en 1840, par Prosper Mérimée. Sur de vieilles cartes postales, ces grands bâtiments paraissent abandonnés. Ils étaient envahis par le lierre, les ronces, les broussailles. En 1950, ils appartenaient à des particuliers. A l'intérieur poussait une petite vigne. De 1962 à 1965, une équipe de jeunes archéologues débarasse les murs du lierre, nettoie les lieux et entreprend une série de sondage et de fouilles archéologiques de reconnaissance. Maurice Druon, alors membre de l'Académie Française, passant par là en 1965, et séduit par la majesté des lieux, achète les ruines et les terrains alentour qu'il fait décaper et remodeler. En 1976, pour le franc symbolique, il cède les Mazelles au département de Loir-et-Cher.
Le Conseil Général aménage ensuite agréablement ces lieux tels qu'on les connaît aujourd'hui.
La question inévitable se pose : "Quid de la destination des Mazelles ?"
Les Mazelles ont probablement été construites au cours du premier tiers du IIème siècle, sous le règne de l'empereur Hadrien, période de paix et de prospérité dans l'ouest de l'empire romain.
Les fouilles préliminaires effectuées aux Mazelles n'ont pas permis de déterminer avec certitude leur destination. On suppose qu'il s'agit de bâtiments à fonctions multiples, en relation avec leur position géographique et particulièrement à leur proximité de la voie romaine et de la rivière Cher. On pense à une sorte de relai de poste (mansio), à un ensemble public, administratif, fiscal, judiciaire, peut-être aussi marché, basilique civile, bourse de commerce...
Les visites des vestiges gallo-romains sont assurées par les bénévoles de l'Association
"les Amis du Musée et du Site de Tasciaca".
Une billetterie commune permet de lier l'accès aux Maselles et le musée archéologique de Thésée.